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C'est un des premiers romans du journaliste-aventurier Kessel et c'est une de ses plus belles réussites, un roman qui semble fait pour définir le genre du roman d'aventures. La structure du roman est étonnante : trois aventures sensiblement distinctes, situées dans les plateaux du Yemen pour la première, en Mer rouge pour la deuxième, en Abyssinie pour la dernière et mettant en scène trois héros : un bâtard kirghize qui rappellera aux lecteurs de Corto Maltese l'immortel Raspoutine, un Henry de Monfreid à peine travesti puis un jeune bourgeois épris de liberté et d'aventures, Philippe Lozère. Nos trois amis, si différents mais réunis dans l'action comme le veut la règle du genre, vont souffrir mille épreuves (ah ! ce combat du Russe avec la panthère) et surtout traverser des paysages plus magnifiques et sauvages les uns que les autres. La plume de Kessel sait à merveille rendre le sublime de l'Arabie heureuse, de ses plateaux et de ses oasis, l'éternité vierge de l'Ethiopie, de ses collines verdoyantes et de ses savanes. On traverse des villes mythiques comme Moka, Ta'if ou Djibouti; on croise des tribus hostiles et orgueilleuses ; on s'attend, toujours pour les fanatiques d'Hugo Pratt, à voir apparaître Cush à chaque page. C'est de la pure adrénaline, du pur bonheur. J'aime les auteurs qui, lorsqu'ils écrivent leurs histoires, parviennent à le faire de manière si détaillée qu'il m'est facile d'imaginer mentalement ce que je lis. Dans ce roman, dès les premières pages, je me suis vu catapulté dans un film, celui qui m'a toujours collé à l'écran sans jamais détourner mon attention. C'est le même effet que cette histoire m'a fait. Beaucoup d'action, de nombreux personnages bien décrits, des situations pleines d'adrénaline, une dose de mystère avec des références historiques très intéressantes.